Dans un rapport sur les consultations menées au titre de l'article IV avec le Qatar publié lundi 5 mars, les experts de l'institution mondiale ont noté que l'effet de l'embargo sur l'économie du pays a été « transitoire ». Loin de l'image d'un émirat proche de l'effondrement et au bord de l'asphyxie, les économistes pointent le fait que les décisions prises par le gouvernement central ont soulagé les effets du blocus et permis un redressement rapide de la machine industrielle.
Preuve de la solidité de son économie, l'organisation internationale prévoit dans sa note que l'émirat gazier bénéficiera d'un taux de croissance de l'ordre de 2,5% en 2018, soit un chiffre légèrement supérieur à celui de l’an passé. Certes, on est très loin des scores mirobolants de la fin de la décennie 2000 ou du début des années 2010 lorsque le taux de croissance du PIB (Produit intérieur brut) affichait une moyenne à deux chiffres mais considérant les difficultés inhérentes au contexte actuel, force est de constater que le pays a fait preuve d'une résilience que peu d'acteurs soupçonnaient.
Sur le fond, le rapport du FMI avance que l'émirat a su gérer les conséquences immédiates du blocus pour éviter la panique. Le gouvernement a notamment puisé dans ses réserves pour rassurer les marchés même si les premières semaines ont été difficiles, le retrait des banques s'élevant à environ 40 milliards de dollars dans les mois qui ont suivi la décision du Quartet. De plus, les pays hostiles au Qatar n'ont pas hésité à "attaquer" la monnaie de l'émirat précisément pour créer un climat hostile à la tenue des affaires et isoler l'émirat sur le plan des investissements. Ces mesures ont été habilement déjouées, Doha multipliant les accords commerciaux avec d'autres partenaires économiques comme la Turquie et l'Iran mais aussi avec des pays lointains comme le Pakistan ou l'Inde.
Néanmoins, le FMI note que certains secteurs de l'économie du Qatar ont été durement frappés comme celui du tourisme. Dans un pays qui accueillait près de 3 millions de touristes par an, dont une bonne partie provenant des voisins du Golfe, la fermeture des frontières et la rupture des relations diplomatiques ont eu un impact très négatif. Le taux d'occupation des hôtels est historiquement bas et en l'absence d'une embellie dans les relations politiques permettant un retour à la normale, il sera très difficile pour ce secteur de sortir de la crise. De même, le secteur aérien est dans le rouge. Fleuron de l'économie nationale, Qatar Airways s'apprête à publier un bilan assez désastreux et ce, alors que les exercices précédents avaient été couronnés de succès. Avec près d'une vingtaine de villes du Golfe et d'Egypte qu'il ne peut plus desservir et l'interdiction des espaces aériens des quatre pays qui l'oblige à emprunter de coûteuses routes de contournement, le groupe annoncera prochainement des "pertes très importantes" d'après les termes de son directeur général, Akbar al-Baker.