Le directeur de l'Observatoire du Qatar signe une tribune qui dénonce le silence de la France dans le conflit au Yémen
De nombreuses associations et personnalités dénoncent le silence complice du gouvernement français dans le conflit qui touche le Yémen depuis près de quatre ans. Une guerre qui a coûté la vie à plus de 10 000 personnes et a provoqué « la pire crise humanitaire » au monde, selon l'ONU.
Le directeur de l'Observatoire du Qatar est co-signataire avec, entre autres, les intellectuels Rony Brauman, Edwy Plenel ou du député Sébastien Nadot d'une tribune qui a pour objectif de briser le silence, d'alerter sur le désastre humain de cette guerre et faire cesser les livraisons d’armes destinées à l'Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis. Cette tribune a également été publiée sur Mediapart.
Pour lire l'intégralité du texte, c'est à ce lien :
https://www.politis.fr/articles/2018/10/yemen-briser-le-silence-et-faire-cesser-les-livraisons-darmes-39466/
Géopolitique de la Corne de l'Afrique : quels acteurs en présence pour quelles rivalités? Entretien avec Marc Lavergne
Entretien avec Marc Lavergne, spécialiste du Moyen-Orient et directeur de recherches au CNRS sur la géopolitique de la Corne de l'Afrique
1/ La situation dans la Corne de l'Afrique semble être le théâtre d'une nouvelle confrontation régionale entre des acteurs étatiques comme la Turquie, l'Arabie Saoudite, le Qatar et surtout les Emirats arabes unis. Quel est le réel objectif d'Abou Dhabi dans cette région?
C'est bien d'Abou Dhabi qu'il s'agit, non pas tant comme capitale que comme l'émirat qui mène la barque de la Fédération, au mépris des intérêts particuliers des émirats du Nord, et en particulier de Dubai. La poussée stratégique et diplomatique des Emirats dans la Corne de l'Afrique s'inscrit dans une opération de vaste ampleur qui vise à conquérir des points d'appui maritime au Hadramaout, sur l'île de Socotora et aux abords de la mer Rouge. Abou Dhabi vise à :
La Cour internationale de Justice donne raison au Qatar : un camouflet pour Abou Dabi
Lundi 23 juillet, la Cour internationale de Justice (CIJ) a tranché en faveur du Qatar dans son différend l’opposant aux Émirats arabes unis. Cette décision, qui s’ajoute à d’autres déboires diplomatiques, met Abou Dabi sous pression.
Dans la nuit du 5 au 6 juin 2017, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte ont rompu toutes leurs relations avec le Qatar en l'accusant, entre autres griefs, de « soutenir le terrorisme ». S’en est suivi un blocus aérien, maritime et terrestre isolant sévèrement l’émirat ainsi que l’expulsion des citoyens qataris des pays du Quartet.
Loin de plier et réfutant les accusations, l’émirat a démontré au cours des treize derniers mois sa capacité de résilience en s’adaptant à cette nouvelle donne régionale.
Tribune de Rony Brauman, Pierre Conesa et Nabil Ennasri sur l'Arabie Saoudite publiée par Libération
Le journal Libération a publié une tribune sur l'Arabie Saoudite signée par trois personnalités dont le directeur de L'Observatoire du Qatar. Ils y dénoncent le manque de clairvoyance de certaines élites françaises sur la prétendue "révolution" qu'entreprendrait le nouveau pouvoir saoudien à l'heure de l'effroyable guerre au Yémen et du durcissement autoritaire à l'oeuvre au sein de la monarchie notamment vis-à-vis des militantes féministes. Cette contribution paraît au lendemain de la réunion en trompe l'oeil tenue à Paris et voulue par l'Elysée et Riyad sur la situation humanitaire au Yémen.
Extrait de la tribune : "Sur le plan régional enfin, est-il utile de rappeler que le régime joue un rôle moteur dans la déstabilisation d’une grande partie du Moyen-Orient ? Le soutien aux groupes islamistes en Syrie commence à se tarir. Mais à Bahreïn, ce sont ses troupes d’occupation qui, depuis sept ans, maintiennent à bout de bras la monarchie sunnite des al-Khalifa qui a failli être renversée par un mouvement populaire exigeant plus de justice sociale. Depuis, la majeure partie de la population de l’archipel vit sous la loi martiale avec arrestations arbitraires, interdiction des partis politiques, blocus total contre les villages «dissidents» et déchéance de nationalité au quotidien… Au Yémen, guerre voulue et déclenchée par MBS alors qu’il était ministre de la Défense, le massacre se poursuit en silence et le pays, après une épidémie de choléra, est menacé par la famine. La situation ne fait aujourd’hui qu’empirer avec l’assaut violent ordonné il y a quelques jours par les troupes saoudiennes et émiriennes sur le port d’al-Hodeida par lequel arrive la majeure partie des importations et de l’aide internationale."
Pour lire l'intégralité de la tribune, c'est à ce lien : http://www.liberation.fr/debats/2018/06/28/arabie-saoudite-une-dictature-acceptable_1662569
A conference at the City hall of the 2nd district of Paris deals with the involvement of the Emirates on the island of Socotra
On Friday 1 June, the NGO “AIDL” (International Alliance for Defense of Rights and Freedoms) organized a conference with the theme “The Island of Socotra : between strategic importance, violation of international law and regional interests”. The event took place at the City Hall of the 2d Arrondissement of Paris.
Several experts, journalists and lawyers attended to denounce the aggressive policy of the United Arab Emirates.
Que cache la volonté des Emirats arabes unis de faire main basse sur l’île yéménite de Socotra ?
Ces dernières semaines, la presse arabe bruissait d’informations sur l’occupation de l’île yéménite de Socotra par les Emirats. L’avenir de ce territoire pourrait sonner le glas de la coopération entre Riyad et Abou Dhabi dans la guerre meurtrière que les deux monarchies mènent au Yémen.
Depuis quelques semaines, un bras de fer médiatico-géopolitique se trame en marge de la guerre du Yémen. Au delà du martyr dont est quotidiennement victime le peuple de l’un des pays les plus pauvres de la planète, c’est à un îlot situé à 350 kilomètres que l’une des partitions les plus importantes du conflit se joue actuellement.
En présence du député Sébastien Nadot, un colloque sur le Yémen appelle à une commission d’enquête parlementaire sur les ventes d’armes de la France à l’Arabie et aux Emirats
Le colloque sur le Yémen organisé mardi 27 mars à la mairie du IIe arrondissement de Paris a été fort utile. Apportant des éclairages sur les différentes facettes du conflit, l’événement a rassemblé universitaires, journalistes, acteurs humanitaires ainsi qu'un parlementaire.
À l’occasion du troisième anniversaire de la guerre au Yémen, le site Orient XXI a organisé en partenariat avec l’Alliance internationale pour la défense des droits et libertés (AIDL) et l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) une importante rencontre faisant le point sur un conflit qui a plongé dans le chaos le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. Pendant plus de trois heures, une dizaine d’orateurs se sont succédés sur trois tables rondes devant un public nombreux.
Trois ans après la guerre au Yémen, l’impasse pour l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis
Cela fait désormais trois ans jour pour jour que la guerre au Yémen a débuté. Malgré les déclarations grandiloquentes des responsables de la coalition arabe, le conflit s’est transformé en véritable Vietnam moderne pour Riyad et ses alliés.
Dans l’esprit de ses initiateurs, la guerre au Yémen débutée fin mars 2015 ne devait durer que quelques semaines. Confiant dans sa force de frappe et souhaitant démontrer à la face du monde sa capacité à asseoir son leadership sur la péninsule arabique qu’elle considère comme son pré-carré inviolable, l’Arabie Saoudite fanfaronnait à l’heure où de substantiels changements s’opéraient au plus haut niveau de sa hiérarchie dynastique.
Après 1000 jours de guerre au Yémen, l’urgence de dire “Stop”
La situation au Yémen atteint un niveau humanitaire dramatique. Subissant les foudres d'une coalition qui multiplie les bavures, le pays s’enfonce dans un cauchemar dont les principaux bénéficiaires risquent d’être les formations radicales.
La guerre au Yémen vient de passer le cap des 1000 jours. Lancé en mars 2015 à l'instigation de l'Arabie Saoudite, ce conflit devait normalement permettre de rétablir un ordre politique stable dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres de la planète. Il n’en a rien été et depuis maintenant près de trois ans, c’est toute la nation yéménite qui paie la facture d’une confrontation dont l’un des enjeux est la rivalité qui oppose Riyad à Téhéran dans la course au leadership régional.
L'Arabie Saoudite à l'épreuve de Mohamed ben Salman
La situation en Arabie Saoudite s’est brusquement tendue. Samedi 4 novembre, les autorités ont arrêté des dizaines de hautes personnalités dont des ministres et des princes de la famille royale. Décidé au plus haut sommet de l’Etat, ce tour de vis clôt une entreprise de monopolisation du pouvoir par un clan de la dynastie et annonce l’avènement d’une nouvelle ère pour le royaume wahhabite.
La liste des dignitaires mis à pied donne une idée de l’étendue du coup de filet opéré en une soirée. Parmi les plus hauts placés, on trouve d’abord d’éminents représentants de la famille royale comme Met’ab ibn Abdallah qui occupait le poste névralgique de chef de la Garde nationale, ou son frère Turki qui avait été gouverneur de la province de Riyad.