Le vote en faveur de l’émirat, en décembre 2010, a été « profondément vicié » par des achats de voix, affirme une résolution adoptée par trente voix contre neuf et neuf abstentions.
« Ce rapport de la FIFA, élaboré depuis deux ans, s'appuie sur des éléments de preuve. Il est normal d'en débattre en amont du congrès (de la FIFA) », a estimé lors d'une conférence de presse le travailliste britannique Michael Connarty, auteur du projet de résolution.
Une procédure dans l'oeil du cyclone
Selon des documents dévoilés par l’hebdomadaire britannique The Sunday Times et communiqués au parlementaire, le Qatari Mohammed Bin Hammam, alors président de la Confédération asiatique du football, aurait versé en 2010 des « sommes d’argent considérables » à trente responsables du football africain afin qu'ils votent en faveur du Qatar. Depuis, il a été banni à vie de la FIFA en 2011.
La procédure a été si « profondément entachée d’illégalité », ont déclaré les parlementaires, qu’il faudrait procéder à un nouveau vote en appliquant des dispositions plus équitables.
Le choix du Qatar a été émaillé par plusieurs controverses : conditions de travail des ouvriers chargés de la construction des infrastructures, changement de calendrier, rumeurs de corruption etc.
Pour sortir des polémiques
Jamais une Coupe du monde n’aura autant suscité de polémique, notamment en ce qui concerne le traitement infligé aux ouvriers asiatiques du bâtiment. Des conditions de travail décriées par les organisations des droits de l'Homme. A cela, Joseph Blatter a récemment déclaré, à l'issue d'une entrevue avec l'émir du Qatar dimanche 15 mars à Doha, que « Le Qatar doit en faire plus » pour assurer des conditions de travail décentes sur les chantiers du Mondial 2022. « Comme certaines organisations de défense des droits de l'homme l'ont noté, des progrès ont déjà été accomplis, en particulier avec les normes introduites sur les chantiers de construction, mais le Qatar doit en faire plus pour assurer des conditions de travail équitables pour tous. Cela ne sera possible que grâce à l'effort collectif de toutes les parties prenantes, des entreprises de construction aux autorités » a-t-il ajouté.
Des améliorations en perspective
L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thania promulgué mercredi 18 février 2015 une loi qui vise à améliorer la condition des ouvriers étrangers dans l'émirat en facilitant le paiement électronique des salaires pour tous les travailleurs du secteur privé. Cette nouvelle loi a pour objectif de mettre fin aux retards et aux non-paiements des salaires des travailleurs, une pratique assez répandue dans les pays du Golfe et qui suscite de vastes critiques dans la presse internationale. Mais même si ces critiques sont largement fondées, il faut parfois s'interroger sur les raisons profondes d'une fixation de certains médiassur cet envers du décor qatari. Hassan al-Thawadi, secrétaire général du Comité d’organisation du Mondial 2022, a ainsi dénoncé dans une récente interview « un parti pris » de certains médias en braquant abusivementleurs projecteurs sur son pays.
Jeudi 23 avril, le Qatar a dévoilé la conception du stade Al Rayyan, l’arène pourra accueillir 40000 spectateurs. Après la compétition, sa capacité sera réduite à 21 000 places. L'anneau supérieur de l'enceinte sera démonté et envoyé dans une nation en développement ayant des besoins en infrastructures sportives.
L'émirat n'a pas lésiné sur les moyens pour l'organisation de la compétition sportive la plus prestigieuse de la planète. En effet, le premier ministre qatari, cheikh Abdullah ben Nasser ben Khalifa al-Thani, a annoncé dimanche que son pays maintiendra ses projets d'infrastructure pour un coût s’élevant à 200 milliards de dollars. Ce qui fait de cette Coupe du monde, la plus chère de l'histoire.
L’enquête du Comité d’éthique de la FIFA a blanchi le Qatar et la Russie, qui organisera le Mondial 2018, de toute faute dans leur processus de candidature. L’une des interrogations qui restent en suspens est de savoir pourquoi la FIFA s’obstine à ne pas publier ce fameux rapport malgré les nombreux appels à aller dans ce sens. De Michel Platini à Franz Beckenbauer en passant par Michael Garcia lui-même, plusieurs personnalités du football mondial expliquent que cette publication renforcerait la transparence à un moment où l’institution en a grandement besoin. Mais, selon les juristes de la FIFA, c’est le code d’éthique qui assure "la confidentialité des témoins" qui empêche d’accéder à cette requête. Suite à cela, Michael Garcia, l’auteur du rapport d’enquête, a décidé de quitter la FIFA contestant le refus du Comité d’éthique de publier le rapport. Entre la fixation des uns sur le Qatar et l'impératif de reformes dans l'émirat, nul doute que le Mondial 2022 continuera à faire couler encore beaucoup d'encre.