Le Qatar va financer les études d'Ahmed, l'ado au profil atypique

jeudi, 22 octobre 2015 11:20

ahmedqatarLe jeune Ahmed, le collégien américain d'origine soudanaise aujourd'hui mondialement connu pour avoir fabriqué une horloge que la police avait prise pour une bombe, va s’installer avec sa famille au Qatar. D'après la presse locale, sa famille a accepté une bourse de la Fondation du Qatar pour l’Education et la Science.

 

Depuis sa mésaventure qui s’est déroulée le 15 septembre dernier, la famille du collégien a été submergée par d'innombrables propositions de bourses d’études afin de financer la scolarité de l'adolescent. Ses parents, immigrants soudanais qui habitent la banlieue de Dallas, ont indiqué avoir finalement retenu une offre en provenance de Doha, où les études secondaires et les quatre premières années d'université d'Ahmed seront prises en charge, a précisé son père au journal américain Dallas Morning News.

Rappel des faits

Le 15 septembre 2015, Ahmed Mohamed âgé de 14 ans et réputé bricoleur voulait impressionner ses professeurs en fabriquant une horloge qu’il a apportée à l’école. Prenant son objet pour une bombe artisanale, ses professeurs ont appelé la police. Arrêté et menotté, il fut placé manu militari dans un centre de détention pour mineurs avant que les forces de l’ordre ne se rendent compte que la "bombe" du jeune homme était inoffensive. La police l'a finalement relâché, mais l’histoire ne s’arrête pas là. Non centent de la procédure, le principal du collège décide tout de même de le suspendre pendant trois jours, pour avoir fabriqué une "fausse bombe". Relayé sur les réseaux sociaux, l'affaire suscite un tollé international qui s’est traduit par le hashtag #IStandWithAhmed retweeté des dizaines de milliers de fois. Le collégien a finalement été relaxé et immédiatement salué par le monde entier. Même Barack Obama s'était ému de cette bévue. L'adolescent inventif a ensuite été reçu à la Maison Blanche à l'invitation du Président

Les policiers du Texas se sont vu reprocher un excès de zèle fondé sur un sentiment islamophobe en l’arrêtant et en l’humiliant par une photo prise où l’on voit l’adolescent menotté.  Le collégien à la peau noire a en effet été victime d'un incroyable délit de faciès, dans une Amérique très tendue après le quatorzième anniversaire des attentats du 11-Septembre. Il est en effet frappant de constater combien la panique que peut susciter la peur de l'islam ou de l'étranger peut déboucher sur de telles méprises.

Une bourse d’études offerte par le Qatar

Les parents d’Ahmed ont indiqué avoir retenu une bourse d’études en provenance du Qatar, où les études secondaires et les quatre premières années d'université d'Ahmed seront prises en charge. Ce n’est pas la première fois que l’émirat finance les études de jeunes profils ambitieux et atypiques. En effet, Iqbal Mahmoud al-Asaad, une palestinienne, qui a également bénéficié d’une bourse d’études du Qatar, est entrée à deux reprises dans le livre Guinness des records. Une première fois quand elle a terminé ses études secondaires à l’âge de 13 ans et une seconde fois quand elle a terminé ses études de médecine à 20 ans. En 2006, à l’issue de ses études secondaires, elle bénéficie d’une bourse pour suivre des études de médecine à la Weill Cornell University du Qatar. Elle devient docteur en médecine en 2013 et poursuit une spécialisation en pédiatrie aux Etats-Unis grâce à une nouvelle bourse qatarie. 

Cette politique de captation des talents du monde arabe relève d'une stratégie des décideurs qataries de faire de leur pays une terre d'excellence en matière universitaire. Le pays est l'un de ceux qui dépensent le plus dans le domaine de la recherche et l’innovation du monde arabe et investit des milliards de dollars dans ce domaine. C'est surtout sous la houlette de Cheikha Mozah, mère de l'émir, que ce processus de développement axé sur le savoir a pris son essor. La Qatar Foundation qu'elle dirige finance ainsi des dizaines de centres recherches dans le monde arabe et se veut comme l'instrument majeur de cette ambition. La Qatar Foundation a également recruté des chercheurs arabes de renom venant du monde entier pour les fixer à Doha en mettant à leur disposition l'univers académique le plus adéquat. Dans un univers arabe marqué par une certaine obsolescence du tissu universitaire, l'émirat se donne les moyens de se démarquer dans un domaine capital pour l’investissement futur. C’est également dans cette perspective que la Qatar Foundation a donné naissance au WISE, le World Innovation Summit in Education. Lancé en 2009 et bénéficiant du partenariat de nombreuses institutions internationales, cet événement annuel, qui s’affirme comme la manifestation éducative de référence, permet chaque année à des spécialistes venant des cinq continents de profiter d’une plateforme d’échanges et de réflexion sur les problématiques d’éducation.

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