Condamnations internationales suite à la volonté de certains Etats du Golfe de fermer Al Jazeera

jeudi, 29 juin 2017 15:15

al jazeeraLes condamnations réfutant l’idée d’une fermeture brutale d’Al Jazeera se multiplient à travers le monde. Exigée par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte, cette requête s’oppose aux normes internationales et fragilise le droit à l’information au Moyen-Orient.

Mercredi 28 juin, plusieurs institutions ont tenu à s’exprimer pour faire part de leur position sur la volonté de certains pays arabes de fermer Al Jazeera. Bras médiatique du Qatar, la chaîne se trouve au centre d’une polémique internationale depuis que les Etats auteurs du blocus contre le Qatar ont intégré sa fermeture comme l’une des conditions à un retour à la normale.

Pour le rapporteur de l'Organisation des Nations Unies (ONU) sur la liberté d’expression et d’opinion, David Kaye, une telle requête menace le pluralisme des médias dans l’ensemble de la région du Moyen-Orient. "Cette demande constitue une grave menace pour la liberté de la presse si des Etats, au prétexte d'une crise diplomatique, prennent des mesures pour forcer la fermeture d'Al Jazeera", a-t-il ainsi estimé dans un communiqué. "J'appelle la communauté internationale à faire pression sur ces gouvernements pour qu'ils retirent leur demande, qu'ils s'abstiennent de censurer les médias sur leur propre territoire et dans la région, et qu'ils soutiennent les médias indépendants au Proche-Orient", a-t-il ajouté.

De son côté, Reporters sans frontières (RSF) dont la mission est de défendre les journalistes traqués à travers le monde et de promouvoir la liberté d’expression est également montée au créneau. Alexandra al-Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’association a déclaré que "ce chantage à la fermeture est inacceptable et masque mal une volonté délibérée de certains pays du Golfe à censurer purement et simplement les médias qataris". RSF qui vient de publier son rapport sur la liberté de la presse a classé plusieurs pays du Golfe (notamment l’Arabie saoudite et les Emirats) parmi les plus mauvais élèves de l’année. Seul le Koweït semble se distinguer par un climat politique relativement libéral qui permet à la presse locale de disposer d’une certaine marge de manœuvre.

Pour se défendre, les Emirats arabes unis ont répondu que la défense de la liberté de la presse et d’opinion ne figuraient pas parmi les priorités et les valeurs que le pays entendait défendre. Cette déclaration peut-être interprétée comme un indice de la détermination des autorités à poursuivre les efforts en vue de forcer un arrêt du groupe médiatique qatari. Signe de cette volonté, Al Jazeera reste interdite de diffusion sur les territoires saoudien et émirien et tout hôtel qui se risquerait à offrir le bouquet de la chaîne s'exposerait à de fortes amendes.

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