La relation entre le Qatar et le Soudan va être matérialisée par l'investissement de 4 milliards de dollars que Doha souhaite consentir sur l'île soudanaise de Suakin. Située sur la mer Rouge, cette île est stratégique car elle permet de bénéficier d'un point de contrôle sur l'ensemble du trafic maritime qui circule dans la région.
Il faut dire que ce corridor maritime par lequel transite une part importante du commerce énergétique mondial (pétrole et gaz notamment) devient un point de friction et de convoitise entre les différents blocs d'alliances du Moyen-Orient. Récemment, ce sont les Émirats arabes unis qui ont souhaité booster leurs relations avec l'Érythrée tout en s'implantant dans le Somaliland voisin avec la construction d'une nouvelle base militaire renforçant par là leur présence dans la Corne de l'Afrique.
De son côté, le ministre soudanais des transports, Makawi Mohamed Awad, a confirmé l'accord avec le Qatar tout en rappelant que les détails liés au financement et aux différentes opérations restent en cours de finalisation.
Il faut aussi replacer cette annonce dans le cadre de la géopolitique globale du Moyen-Orient puisque les relations entre le Soudan et l'Égypte sont en dents de scie. Souvent rivaux, ces deux pays ont récemment entretenu des relations orageuses notamment sur le sujet crucial du contrôle des eaux du Nil. Sur la crise du Golfe, alors que l'Égypte constitue l'un des piliers du front anti-Qatar, le Soudan semble plutôt en accord avec l'émirat gazier. En témoignent également les relations de plus en plus importantes entre Khartoum et Ankara, alors que la Turquie constitue l'allié régional le plus solide de Doha.