Cette décision peut également signifier que les autorités de Doha prennent acte de l'échec de leurs dernières tentatives d'envoyer des signaux de détente en direction du Quartet. En effet, le ministère qatari de l’Intérieur avait répondu, le 21 mars dernier, à l'une des principales revendications des pays du blocus en publiant une liste de vingt-huit personnes et organisations considérées comme terroristes. Cette liste, qui reprenait certains noms déjà avancés par les Emirats et l'Arabie, avait été balayée par Riyad et Abou Dhabi qui pressaient Doha d'en faire beaucoup plus pour espérer un retour à la normale.
Un conflit qui s'enlise
Près d'un an après l'éclatement de la crise qui met dangereusement en péril la survie du Conseil de coopération du Golfe (CCG), la situation demeure donc bloquée. Loin de s'estomper, le clivage risque même de se durcir d'autant que l'économie du Qatar semble bien résister au choc. Dans un rapport publié par le Fonds monétaire international (FMI) en date du mois de mars dernier, l'institution affirmeque l'impact du blocus a été limité et que les fondamentaux macro-économiques du pays restent solides. Doha continue à tirer son épingle du jeu en matière de commerce international en réussissant notamment à établir de nouvelles voies commerciales et en ouvrant un nouveau port (Hamad Port) considéré comme l'un des plus importants de la région.
Les économistes pointent le fait que les décisions prises par le gouvernement central ont soulagé les effets de l'embargo et permis un redressement rapide de la machine industrielle. Preuve de la solidité de son système économique, l'organisation prévoit dans sa note que l'émirat gazier bénéficiera d'un taux de croissance de l'ordre de 2,5% en 2018, un chiffre légèrement supérieur à celui de l’an passé.
En revanche, le rapport note que "les investissements étrangers et les dépôts du secteur privé local ont baissé dans le même temps de 40 milliards de dollars depuis l’adoption des sanctions". Mais ce recul a été "compensé par des injections de liquidités effectuées par la Banque centrale du Qatar et la Qatar Investment Authority", tempère le rapport.
La crise diplomatique initiée le 5 juin 2017 n'a pas réussi à mettre l’émirat à genoux, le poussant même à trouver de solutions de contournement pour ses approvisionnements alimentaires et ses liaisons maritimes et aériennes. Le Qatar a importé de nombreux produits de Turquie, du Maroc, d’Iranmais aussi de pays lointains comme le Pakistan ou l'Inde, ce qui lui a permis de multiplier les accords commerciaux avec de nouveaux partenaires économiques.