Suite à son entrevue avec le chef d'Etat turc, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani a affirmé que son pays allait investir dans l'économie turque pour un montant de 15 milliards de dollars. Cette somme servira à soutenir certains pans de l'industrie et soulagera le secteur bancaire pris dans une grave tourmente depuis quelques semaines. Depuis le début de l'année, la monnaie turque a perdu près de 40% de sa valeur face au dollar suscitant un vent de panique auprès d'une partie de la population et des opérateurs économiques. Cette chute assombrit le climat des affaires dans une économie qui, malgré la robuste croissance qu'elle enregistre depuis le début de l'année, fait face à de graves endettements notamment auprès de ses entreprises privées.
Le geste de l'émir du Qatar est à replacer dans un contexte géopolitique où les deux pays ont construit une importante relation bilatérale qui en fait l'un des axes diplomatiques les plus solides du Moyen-Orient. Alors que le Qatar avait été l'un des premiers pays à condamner la tentative de coup d'Etat fomenté à Ankara par une partie de l'armée à l'été 2016 (opération soutenue indirectement par certains régimes du Golfe comme celui d'Abou Dhabi), Recep Erdogan s'était immédiatement mis du côté de l'émirat gazier lorsque ce dernier a été mis sous blocus un an plus tard par ses voisins.
Le Qatar est de plus en plus présent dans l'économie de son partenaire avec des avoirs estimés à plus de 20 milliards de dollars. Considéré comme l'une des économies les plus prospères du Moyen-Orient et membre du G 20, le pays a récemment bénéficié d'un vent de solidarité auprès de l'opinion qatarie. Plusieurs intellectuels comme l'éditorialiste Jaber al-Harami ont ainsi appelé à acheter des biens turcs, à passer ses vacances dans le pays ou à convertir de la monnaie afin de venir en aide à un Etat considéré comme un pôle de stabilité et un allié indéfectible.