Perspective à long terme
Ce que révèle l’étude, c’est que les indicateurs disponibles de l'activité économique du Brésil lors de la Coupe du Monde 2014 sont aussi sombres que la performance de l’équipe nationale pendant le tournoi. L’activité économique a en effet brusquement chuté à travers le pays, notamment la production industrielle. Selon le rapport de QNB cité par le quotidien qatari The Peninsula, « à en juger par ces indicateurs à court terme, on peut conclure que le Mondial a été un échec économique. Une perspective à plus long terme est nécessaire pour juger des mérites économiques d'accueillir un événement sportif majeur. Cette perspective pourrait fournir des enseignements utiles pour le Qatar, où la Coupe du monde aura lieu en 2022. »
La morosité économique du Mondial brésilien n’empêche pas le rapport de mettre en évidence différentes temporalités. En effet, même si à court terme le tournoi peut s’avérer être une mauvaise opération en termes de retombées financières, il faut davantage voir quelle en est l’utilité sur une perspective plus longue. En ce qui concerne le Qatar, accueillir la Coupe du monde nécessite des investissements importants, non seulement dans les installations sportives, mais aussi dans les infrastructures générales, telles que les routes, le réseau de transport ferré, les hôtels et les services. Ces investissements dopent l’ensemble du tissu économique et permettent de bénéficier d’une croissance soutenue du PIB pendant une longue période. Ils génèrent également des opportunités importantes pour l’emploi (on attend encore près d’un million de travailleurs supplémentaires pour les prochaines années) de même qu’un accroissement des recettes fiscales.
Diversification économique
Il est donc important de transformer ce coup de pouce économique temporaire en un gain durable pour l’économie dont les effets puissent se faire ressentir au-delà de la manifestation sportive. Cette idée constitue l’un des enseignements majeurs de l’étude dont les principales conclusions s’articulent autour de ces trois axes :
- Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que la plupart des projets d’infrastructures ne sont, in fine, pas uniquement liés à la Coupe du monde mais restent indispensables pour le développement du pays. Les infrastructures telles que les routes, les lignes de métro, les hôtels et même certains stades ne vont pas voir leur utilité disparaître avec la fin du Mondial. La Coupe du monde a ceci de particulier qu’elle exige un délai précis pour la réalisation de ces projets d’investissement : elle constitue donc une date butoir avant laquelle il devient impératif de finaliser les grands projets.
- Deuxièmement, organiser un événement comme le Mondial peut transformer l'image du pays avec des résultats et des avantages sur le long terme. L'événement peut augmenter la conscience globale du pays d'accueil et en faire une destination touristique de premier plan. Une des réussites sur laquelle l’étude s’est arrêtée concerne l’épisode des Jeux olympiques de 1992 où la ville hôte, Barcelone, a su tirer profit de l'événement pour se transformer en une destination touristique européenne importante. Le nombre de touristes qui visitent Barcelone est ainsi passé de 1,7 million en 1990 à 7,6 millions en 2013. L'expérience de Barcelone montre clairement qu'un grand événement sportif peut être utilisé comme un catalyseur pour l’activité économique, notamment en ce qui concerne le secteur du tourisme dont il faut rappeler qu’il constitue l’un des piliers de la stratégie de diversification de l’économie de l’émirat.
- Enfin, accueillir un événement tel que celui-là nécessite une analyse détaillée des coûts-avantages, une planification ainsi qu’un suivi avec la mise en place d’une gouvernance efficace des projets. Cela permet de cadrer les dépenses d'investissement et d’éviter les dépassements de coûts intempestifs.
En définitive, ce que l’étude tient à mettre en exergue est l’idée que le Qatar doit tirer des leçons de l'expérience des pays et des villes qui ont accueilli de grands événements sportifs. Cette projection est importante car l'économie du Qatar est entrée dans une nouvelle phase de sa diversification suite aux dépenses d'infrastructures à grande échelle et à la croissance rapide de la population en vue du Mondial 2022. Huit années avant le tournoi, le pays tient à faire de l’évènement un tremplin pour sa réputation touristique mais également un moment clé de sa mutation macro-économique.