On le voit, tout a été fait ces dernières semaines pour ne montrer à l'opinion égyptienne qu'une version des faits, celle qui va dans le sens des intérêts des nouveaux maîtres du Caire et qui tend à criminaliser tous ceux qui soutiennent de près ou de loin la légalité constitutionnelle et s'insurgent contre l'interruption du processus électoral. Face à ces pratiques qui n'ont rien à envier à celles en vogue sous Moubarak, certaines ONG sot montées au créneau parmi lesquelles Reporters sans frontières qui a dénoncé ces atteintes à la liberté d'expression.
Les conséquences de cette situation sont négatives pour l'ensemble du processus de libéralisation qui avait tant bien que mal commencé à se mettre en place depuis la révolution du 25 janvier 2011 qui avait abouti à la chute de la dictature. C'est un dramatique retour en arrière auquel nous assistons avec une volonté délibérée de la junte militaire de museler toute expression contestataire (autant politique que médiatique). Cette régression ne présage rien de bon et c'est comme si l'armée égyptienne faisait tout pour écarter les médias indépendants du pays afin de mener à huis clos la répression d'un vaste mouvement populaire qui souhaite réhabiliter le processus démocratique.
2) Le Qatar aide financièrement Gaza. Quel est l'impact du coup d'Etat égyptien sur les relations entre le Qatar et le Hamas?
Fondamentalement, la relation entre le Qatar et le Hamas ne changera pas car l’émirat continuera à soutenir les partis politiques sortis victorieux des urnes en Égypte, à Gaza comme en Tunisie. La difficulté aujourd'hui sera qu'il sera plus difficile pour le Qatar d'acheminer les aides promis à la population gazaouie car elles doivent transiter par l’Égypte. Autant sous la présidence Morsi, cette aide pouvait passer sans trop de problèmes autant avec l'armée égyptienne et eu égard à la situation sécuritaire explosive dans le Sinaï, il y a fort à parier que cette aide aura plus de mal à parvenir. Signe que la relation Qatar/Hamas est toujours au beau fixe, le Croissant rouge qatari vient de lancer le démarrage d'une trentaine de projets sur l’ensemble de la bande de Gaza qui s'inscrivent dans la politique de reconstruction promise lors de la visite de Cheikh Hamad à l’automne dernier.
3) Khaled Meshaal vient d'être réélu leader du parti Hamas. Comment voyez-vous les futures relations entre l'Egypte et la Palestine?
On est quasiment revenu à l'ère de Moubarak voire pire. Il y a en Égypte actuellement une vaste campagne de criminalisation du mouvement Hamas que mènent certains médias proches des autorités et l'armée na pas caché son aversion pour le mouvement palestinien en l'accusant de collusion avec les jihadistes du Sinaï. Il ya quelques jours, des dizaines de tunnels ont été détruits près de la bande de Gaza et signe des temps, le président Morsi a été inculpé pour collusion avec le Hamas. Bref, le climat lourd à l'égard des Palestiniens est particulièrement inquiétant dans l'Egypte actuel et c'est comme si une partie de la presse aux ordre cherche à trouver un bouc-émissaire aux problèmes du pays.
Lien source : http://liliamarsali.wordpress.com/politics/