Pour l’avocat de la défense, « c’est un jugement politique et non judiciaire ». A l’évidence. Mais la main de fer intérieure ne sera pas sans répercussions extérieures en termes de prestige.
Alors que le Qatar est déjà mis en accusation par la presse internationale (voir ici le dossier révélé par The Guardian ) pour le sort réservé aux travailleurs immigrés embauchés sur les chantiers de la Coupe du Monde que l’Emirat doit organiser en 2022. Cette condamnation est-elle le signe d’une fébrilité du pouvoir à Doha ? « Tout ce qui se dit autour de la Coupe du monde et des révélations du Guardian sur les morts dans les chantiers a placé le Qatar dans une position qu’il ne connaissait pas ces dernières années », estime Ennasri Nabil, auteur de « Qatar » aux éditions De Boeck. « Le nouvel Emir, visiblement, a souhaité rendre moins frondeuse la diplomatie du Qatar, on le voit moins entreprenant en Syrie. Le revers égyptien a sans doute forcé le pouvoir à se concentrer sur les dynamiques qataries et on le voit davantage préoccupé par les équilibres internes. Autant du pouvoir que de la société qatarie, une société qui se transforme depuis vingt ans ».
Pour Ennasri Nabil, les divergences au sein du pouvoir ont tourné à l’avantage des faucons. « Du fait de visibilité, on pouvait espérer une certaine clémence. Cela n’a pas été le cas. Il y a des tensions au sein du pouvoir qatari, des équilibres en jeu. Une partie de l’appareil d’Etat souhaite le maintenir en prison pour donner une leçon à tous ceux qui voudraient franchir les lignes rouges vis-à-vis de la famille royale, qui est une sorte de tabou absolu au terme de la constitution. Ceux qui optaient pour un coup médiatique en graciant le poète n’ont pas eu le dessus ». A moins d’une grâce de l’émir…
http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2013/10/21/qatar-poete-prison-10487.html