Ces déclarations provenant des deux chefs d'Etat visent à apaiser une situation particulièrement tendue dans la région. Alors que les deux pays ont, malgré l'hostilité que se vouent communément l'Iran et l'Arabie saoudite, toujours cherché à aplanir leurs différends notamment à cause d'intérêts économiques partagés, la situation s'était brusquement détériorée à l'hiver dernier. Le 6 janvier, le Qatar avait en effet rappelé son ambassadeur en Iran suite aux assauts contre l'ambassade d'Arabie saoudite à Téhéran et le consulat général à Machhad. Ces attaques ont été commises par des manifestants en colère qui fustigeaient l’exécution du prédicateur chiite, cheikh Nimr al-Baqer al-Nimr en Arabie saoudite. Depuis, les relations s'étaient nettement crispées d'autant que les deux capitales partagent des visions opposées sur le terrain syrien. Ces déclarations visent donc à détendre le climat diplomatique dans un contexte où la baisse des prix des hydrocarbures fragilisent la santé financière de tous les pays de la région. Partageant la réserve du North Dome, le Qatar et l'Iran ont intérêt à freiner les ardeurs bellicistes afin de tire le meilleur parti d'une poche de gaz considérée comme le plus grand champ off-shore de la planète.
Néanmoins, il n'est pas sûr que cette légère détente puisse s'inscrire dans la durée. La centralité de la crise syrienne dans le poids des affaires de la région risque d'accentuer le clivage entre l'Iran d'une part et les monarchies sunnites emmenées par l'Arabie Saoudite. Même sur la question de l'enjeu des hydrocarbures, les positions semblent irréconciliables; l'une des raisons de la chute des prix du pétrole (malgré le rebond de ces dernières semaines) demeure le fait que Riyad refuse de céder des parts de marché à son rival de toujours. Dans ce contexte, la surabondance de l'offre a tiré les prix vers le bas et met gravement en péril l'équilibre à moyen terme d'économies encore largement dépendantes des hydrocarbures.