Activisme américain
Ces rendez-vous à part entre le patron du département d’Etat et les représentants des deux principaux protagonistes du dossier devaient amorcer le début d’une désescalade. C’est en effet la première fois que le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohamed ben Abdel Rahman al-Thani, se rendait à Washington pour une rencontre à un tel niveau.
A rebours de cette tentative de médiation, Adel al-Jubeyr, le ministre saoudien des Affaires étrangères, a déclaré suite à son entrevue que les exigences formulées par son pays et ses alliés à l’endroit du Qatar n’étaient « pas négociables ». « C'est maintenant au Qatar de cesser de soutenir l'extrémisme et le terrorisme » a-t-il encore martelé sur un ton censé faire porter à Doha la responsabilité d’un échec des tentatives de médiation.
Bataille sur le front économique
Les mêmes propos ont été tenus par les représentants des Emirats arabes unis qui ont prévenu que d’autres sanctions économiques pourraient être prises dans l’hypothèse d’un refus par le Qatar d’obtempérer à la feuille de route proposée la semaine dernière. Preuve de la persistance des tensions, la monnaie nationale du Qatar fait face à des difficultés sur les marchés financiers. Le site Doha News rapporte même que certaines banques de divers pays refusent désormais d’échanger les riyals qataris avec des devises étrangères.
Commentant ces réactions, Mohamed ben Abdel Rahman al-Thani a répliqué que le Qatar n’avait pas à satisfaire des exigences dès lors que les accusations portées contre son pays n’étaient pas étayées par des preuves formelles. Dans le même esprit, le Qatar se refuse toujours de négocier tant que le blocus lui est toujours imposé. Dans ces circonstances, on voit mal comment la crise pourrait trouver le chemin d’un apaisement d’autant que les médias des deux parties continuent de se livrer à une guerre psychologique d’une grave intensité. La date de la fin de l’ultimatum fixé au 3 juillet donnera un indice de la direction vers laquelle la crise évoluera. Soit, les Etats-Unis parviennent à arracher un accord et à faire baisser la tension. Soit, l’escalade repartira de plus belle et pourra déboucher vers des scénarios de plus en plus tendus. Certains observateurs ont d'ailleurs fait remarquer que la fin du délai de dix jours accordé par Riyad, Abou Dhabi, Le Caire et Manama coïncidait avec la date anniversaire du coup d’Etat opéré en Egypte en 2013. Ce dernier avait à l'époque été largement soutenu et financé par … les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite.