« Reflète ton respect » : une campagne pour rappeler le sens de la pudeur

mercredi, 28 mai 2014 19:51

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C'est une campagne lancée par la société civile qatarie et qui fait l'objet d'articles de la presse du monde entier. Retour sur une initiative qui demande juste de la décence dans les tenues vestimentaires des expatriées et touristes occidentales.

La société civile qatarie vient de lancer une opération « Idhhar ihtiramak », « Reflète ton respect ». Initiée par un groupe de femmes, cette campagne vise à rappeler les règles de bienséance en matière vestimentaire afin de ne pas brusquer les codes culturels d’une société traditionnelle qui reste attachée à ses valeurs islamiques.

La démarche n’est pas nouvelle. A l’été 2012, une campagne du même genre avait été menée. Dénommée « One of us », elle visait à exprimer l’exaspération d’une partie de la population autochtone qui voyait d’un mauvais œil l’indécence de tenues trop moulantes, transparentes ou trop courtes.

L’idée n’était pas de forcer les femmes occidentales à adopter la traditionnelle ‘abaya (longue tunique) ou de porter le foulard mais plutôt de faire œuvre de pédagogie en soulignant le caractère choquant de certains comportements. Dans un souci de mettre en avant son caractère inclusif, la campagne était portée par le slogan « If you are on this land, you are one of us », « si vous êtes dans ce pays, vous êtes un des nôtres ». Cette année, l’opération revêt le même propos tout en ajoutant « Aidez-nous à préserver les valeurs traditionnelles de notre société en portant des habits pudiques ».

Dans un article consacré à ce sujet, le quotidien qatari « As Sharq » reprend les propos du coordinateur de la campagne, Youssef Al Khalifi. Ce dernier précise que l’initiative entre pleinement dans le cadre du respect de l’article 57 de la Constitution qui stipule que « respecter l’ordre et la morale, en accord avec les traditions du pays ainsi que les coutumes établies, est un devoir pour quiconque résiderait dans l’Etat du Qatar ou y entrera ». Il ajoute que la campagne est parrainée par la « Rabitat al mar’a al qatariya », la Ligue de la femme qatarie. Elle sera officiellement lancée le 20 juin prochain et prendra la forme de plusieurs actions. Les volontaires seront appelés à distribuer des tracts dans les endroits fréquentés par les touristes et les expatriées comme les centres commerciaux ou la célèbre Corniche de Doha. De même, différentes institutions comme le ministère des Affaires religieuses, des centres communautaires ou même des ambassades de pays étrangers seront sensibilisés pour diffuser les tenants de la campagne. Outre ces opérations de communication dans la rue, les organisateurs comptent aussi sur la diffusion via les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs sur le compte Twitter @reflect_respect que l’initiative a commencé à faire parler d’elle.

Ce n’est pas un hasard si cette campagne tombe ces derniers jours. Coincé dans une région du Golfe aux fortes températures estivales, le Qatar a vu le thermomètre grimper jusqu’à 46° ce jeudi 28 mai. Cette situation de tension relative entre les différents segments de la population ne lui est d’ailleurs pas singulière. Il y a quelques années, des femmes des Emirats arabes unis excédées par des cas de comportements jugés outranciers avaient lancé une opération du même type.

Pour certains médias occidentaux, cette affaire vise à bannir les « shorts et les mini-jupes pour les touristes ». Il n’en est rien. Il n’y a qu’à se balader dans les centres commerciaux de Doha pour se rendre compte que cette campagne n’a aucune valeur coercitive et que l’Etat, même s’il cautionne la démarche, ne donnera pas de consigne à la police pour traquer les récalcitrant-e-s. De même, dans quasiment tous les nombreux hôtels qataris, les plages et les piscines sont la plupart du temps occupées par les dizaines de milliers d’expatriées venant des pays occidentaux. Ces derniers s’y baladent en maillot de bain sans aucun problème. Il serait donc abusif de peindre le tableau d’un émirat qui verrouillerait de plus en plus les libertés. D’autant que ces opérations de moralisation n’ont pas l’air de rebuter les touristes et expatriés. Même si le nombre de touristes visant l’émirat est encore bas, le chiffre des expatriés lui a explosé. Pour les français établis au Qatar, la population a quasiment quintuplé en l’espace d’une décennie. Le phénomène est le même pour d’autres pays européens. Preuve que même au cœur de la péninsule arabique et malgré un climat religieux qui peut paraître pesant, de nombreux non-musulmans, attirés par les hauts salaires et la qualité de vie, préfèrent tenter l’aventure dans ces pays que de rester en métropole.

En réalité, la vraie question qui mérite d’être posée est la suivante : est-il légitime pour les Qataris de réclamer un minimum de pudeur à celles et ceux qui viennent s’installer dans leur pays ? Certains penseraient que non. Ils ont tort.

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