Au cours d'un entretien avec l'émir Tamim ben Hamad al-Thani, le président américain a évoqué son souhait de "renforcer les relations avec le Qatar dans le domaine sécuritaire et économique". Il a également "salué les efforts de Doha dans la lutte contre le terrorisme", soulignant même le fait que l'émirat est l'un des seuls Etats avec lesquels son pays avait conclu un accord dans ce domaine. Au sujet de la crise qui oppose Doha à ses voisins, les deux chefs d'Etat ont insisté sur "l'importance de renforcer l'unité du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et de consolider la stabilité de la région".
Cet entretien constitue en soi un virage d'une importance majeure pour l'avenir de la crise du blocus. Centrale dans l'équation stratégique du Moyen-orient, l'influence américaine est encore plus prononcée dans la région du Golfe dont la stabilité des régimes est directement liée à l'appareil militaire américain. C'est d'ailleurs suite à la visite remarquée de Donald Trump à Riyad en mai dernier (la première du président américain après son élection) que l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont décidé d'entreprendre le blocus du Qatar. Pour de nombreux observateurs, c'est suite à ce déplacement que le Quartet avait pu bénéficier du "feu vert" de la Maison-Blanche dans la décision d'isoler le Qatar.
Ce changement de stratégie peut être interprété de diverses manières mais l'une des raisons qui ont dû pousser le président américain est l'aggravation de la situation sécuritaire dans le Golfe. Ces derniers jours, le Qatar et les Emirats arabes unis se sont mutuellement accusés de violations des espaces aériens ou d'interceptions d'avions. Ces épisodes mettant aux prises les armées des deux pays ont du être interprétés comme dépassant une ligne rouge et qu'il fallait pour Washington apaiser les tensions. De même, le conflit qui s'enlise ne fait le jeu d'aucun pays du Golfe et nombreux sont d'ailleurs les responsables politiques et médiatiques dans la région à reconnaitre que seul l'Iran est sorti grandi de cette détérioration des relations entre le Qatar et ses voisins. Considérée comme le péril majeur dans la région (avec le fléau du terrorisme), cette montée en puissance de Téhéran n'est pas de nature à rassurer Washington. La déclaration de Donald Trump est donc peut-être à prendre comme étant le signal que la crise du Golfe pourrait, à court terme, connaître l'amorce d'une détente.