Des protestataires payés par les adversaires de Doha
Alors que l’émirat fait, depuis maintenant plus d’un an, l’objet d’un blocus sévère de la part de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Bahreïn et de l’Égypte, la Première ministre britannique, Theresa May, s’est longuement entretenue, mardi 24 juillet, lors d’une réception au 10 Downing Street avec l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani.
Une entrevue qui n’a pas été écornée par une mise en scène ratée, organisée en amont, par les adversaires de l’émirat.
Le quotidien britannique The Independent a en effet révélé qu’une agence de casting basée à Londres, Extra People, avait diffusé une annonce proposant la modique somme de 20 livres sterling (22 euros) à tout figurant acceptant de manifester devant la résidence de la Première ministre, durant l’entretien avec cheikh Tamim qui s’est déroulé en fin de matinée.
« Payer des manifestants pour discréditer ceux qui ne sont pas d’accord avec eux est une longue tradition des pays du blocus », a déclaré, en guise de réponse, un diplomate qatari au journal britannique. Et d’ajouter que « malgré leurs efforts pour propager des mensonges sur le Qatar, la visite de l’émir a encore renforcé le partenariat historique et stratégique entre le Qatar et le Royaume-Uni ».
Révélations de la presse d’Outre-Manche
L’opération, dont tout porte à croire qu’elle a été fomentée par les réseaux émiriens et saoudiens est donc finalement tombée à l’eau, faute de participants. En effet, elle avait notoirement été révélée par des reportages relayés dans les médias locaux affirmant qu'une entreprise de relations publiques cherchait à embaucher des figurants pour exprimer leur mécontentement sur la venue de l’émir à Londres.
Dans un courriel que s’est procuré The Independent, Extra People a envoyé un message à ses acteurs avec pour titre « Ce n'est pas une production cinématographique ou télévisuelle ». Le texte précise que « la compagnie cherche un groupe important de personnes pour remplir l'espace à l'extérieur de Downing Street lors de la visite du président du Qatar (sic). C'est un événement anti-Qatar. Vous n'aurez rien à faire ou à dire, ils veulent juste remplir l'espace. Vous aurez fini à 12h30 ». D’après certains journalistes, ils attendaient 500 personnes mais la firme a dû revoir ses plans. Un porte-parole a déclaré que l'agence avait décidé d'annuler le projet après avoir « commencé à comprendre ce que le client demandait à nos artistes pour cet événement ». L’entreprise a refusé de divulguer le nom de son client.
Les pays du blocus ne sont pas à leur première tentative
Ces mises en scène loufoques semblent devenir une habitude pour les pays du Quartet qui ne sont pas prêts de s’arrêter dans leur obsession de diaboliser l’image de l’émirat gazier quitte à verser dans le grotesque. En février dernier par exemple, c’est à Munich que les différents réseaux anti-Qatar avaient jeté leur dévolu.
En marge de la conférence annuelle sur la sécurité internationale, le très orienté CEMO (Centre d’études sur le Moyen-Orient) avait en effet organisé une conférence intitulée « Le rôle du Qatar dans le soutien au terrorisme et aux groupes extrémistes ». Comme à son habitude, l’officine n’avait pas su attirer grand monde, si ce n’est quelques affidés afin de donner l’illusion de grossir les rangs d’une assistance clairsemée.
Dans un autre hôtel, un autre organe téléguidé par les réseaux du Quartet avait lui aussi organisé un événement avec la même idée de tirer à boulets rouges sur la politique du Qatar dont l’émir était présent dans la capitale de la Bavière pour donner une allocution. Mais confrontés à une assistance vide, les organisateurs ont eu l'ingénieuse idée de remplir les chaises de la salle de conférence du prestigieux hôtel par des femmes provenant d'Europe de l'est.
Originaire d’Ukraine et de Serbie, la vingtaine de participantes qui composaient le public ne semblait pas être intéressée par les propos tenus par les orateurs dont l’essentiel du discours tournait autour de la diabolisation de l’émirat gazier. Certains sites arabophones ont fait état de dizaines de milliers d’euros déversés.
Mais ce qui interpelle dans ces manœuvres de Londres et de Munich, et qui malheureusement seront appelées à se multiplier, n’est pas tant l’activisme de ses promoteurs que l’impossibilité de se questionner sur le fait que pareille attitude est à la fois suicidaire et dépensière. On peine en effet à croire qui pourrait se laisser convaincre par des démarches frappées d’une telle médiocrité.