L'Arabie Saoudite à l'épreuve de Mohamed ben Salman
La situation en Arabie Saoudite s’est brusquement tendue. Samedi 4 novembre, les autorités ont arrêté des dizaines de hautes personnalités dont des ministres et des princes de la famille royale. Décidé au plus haut sommet de l’Etat, ce tour de vis clôt une entreprise de monopolisation du pouvoir par un clan de la dynastie et annonce l’avènement d’une nouvelle ère pour le royaume wahhabite.
La liste des dignitaires mis à pied donne une idée de l’étendue du coup de filet opéré en une soirée. Parmi les plus hauts placés, on trouve d’abord d’éminents représentants de la famille royale comme Met’ab ibn Abdallah qui occupait le poste névralgique de chef de la Garde nationale, ou son frère Turki qui avait été gouverneur de la province de Riyad.
Entretien avec Olivier Da Lage sur les tensions actuelles dans la région du Golfe
Olivier Da Lage est journaliste et rédacteur en chef à RFI. C'est aussi l'un des meilleurs spécialistes de la région du Golfe. En plus d'avoir séjourné dans cette contrée, il lui a consacré plusieurs ouvrages comme "Ces trente ans qui ébranlèrent le Golfe persique" (Éditions du Cygne, 2011) ou "Géopolitique de l'Arabie Saoudite" (Complexe, 2006). Pour bien saisir les enjeux qui traversent cette région en mouvement, nous vous conseillons de le suivre sur son compte Twitter : @odalage.
1) Quelle interprétation donnez-vous à la purge à laquelle nous assistons en Arabie Saoudite?
A l’évidence, on a assisté samedi à l’avant-dernier acte de la conquête du trône saoudien par Mohammed ben Salman (MBS). Ce jeune prince de 32 ans, fils aîné de la troisième épouse du roi Salman, était pratiquement inconnu jusqu’à la mort du roi Abdallah lorsqu’il n’était "que" le chef de cabinet de son père, gouverneur de Riyadh, puis vice-prince héritier, puis prince héritier. Une fonction cruciale puisque c’est MBS qui décidait qui pouvait voir son père, et quand.
De quoi la purge en Arabie Saoudite est-elle le nom ?
Samedi 4 novembre, l’Arabie Saoudite a vécu une mini-révolution de palais. Dernièrement propulsé au sommet de l’Etat, le jeune prince héritier a limogé des dizaines de hautes personnalités dans une opération « anti-corruption » inédite.
On connaissait l’impétueux Mohamed ben Salman déterminé à sortir son pays du conservatisme social, on découvre désormais le MBS (son surnom tiré de ses initiales) prêt à tout pour monopoliser les centres de pouvoir quitte à mettre en péril les fragiles équilibres au sein de la famille royale. Car ce qui se trame en Arabie Saoudite depuis samedi 4 novembre n’est, ni plus ni moins, qu’un coup de force destiné à liquider toute forme d’opposition en vue d’offrir au prince de trente-deux ans les pleins pouvoirs et de le hisser, dans un avenir relativement proche, à la tête de la couronne princière.
Entretien avec l'économiste Younes Belfellah sur l'impact économique du blocus du Qatar
Entretien avec Younès Belfellah, économiste, chercheur et enseignant à l’Université de Lille.
1) Vous êtes un spécialiste des questions économiques relatives au monde arabe. Le récent blocus contre le Qatar a eu pour conséquences des difficultés de plusieurs natures pour Doha. Quelles sont exactement les répercussions économiques et financières pour l’émirat gazier ?
Ce blocus est sans précédent dans la région du Golfe et ses répercussions économiques négatives restent très limitées à l’exception des pertes dues à l’embargo aérien qui dure depuis plus de trois mois. Malgré cette situation malheureuse, on n’enregistre pas un impact fort sur l’économie du Qatar. Ce dernier a réussi à mettre en place une stratégie de crise fondée sur une diplomatie proactive et efficace doublée de mesures économiques vouées à freiner les effets du blocus.
Crise du Golfe : pourquoi le Koweït perd patience
L'émir du Koweït a débuté une visite officielle aux États-Unis jeudi 7 septembre. Ce déplacement qui s'inscrivait dans le cadre d'un renforcement des relations bilatérales fut l’occasion pour le monarque de tenir des propos qui esquissent un basculement de la position de l’émirat dans la crise qui secoue la région du Golfe depuis plus de trois mois.
Le conflit qui oppose le Qatar à ses voisins est en passe de dépasser les 100 jours et tout porte à croire qu’il risque de s’installer dans la durée. Du côté des pays du blocus, la sensation d’avoir perdu la bataille de l’image et de faire face à une résistance aussi coriace qu’inattendue n’a fait qu'enflammer les esprits. Preuve de cette tension, une récente chanson où de grands noms de la scène musicale saoudienne et irakienne est devenue virale du fait des menaces à l’encontre du Qatar qu’elle contenait.
A cause du blocus, les citoyens qataris sont privés de faire le Hadj cette année
C’est un nouvel acte dans la crise qui oppose le Qatar à ses voisins. Alors que la saison du grand pèlerinage arrive à grands pas, Doha accuse les autorités saoudiennes de multiplier les obstacles, rendant impossible l’accomplissement de ce pilier de l’islam par ses citoyens.
Depuis le 5 juin, le blocus drastique qu’infligent l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte se traduit par une rupture totale des relations diplomatiques et par une fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes entre les différents pays. Comme l’ont assuré certains observateurs depuis le début de la crise, cette stratégie vise clairement à asphyxier le Qatar dans l’espoir de le faire plier et de le contraindre à rentrer dans le rang.
L'opinion algérienne s'insurge contre les déclarations de l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Alger qualifiant le mouvement Hamas de "terroriste"
Dans un entretien à la chaîne de télévision privée El Nahar diffusé le 12 juillet, l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Alger, Sami ben Abdallah Salah, a violemment pris à parti le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) palestinien. Le qualifiant "d'organisation terroriste" qui met en place "des complots à partir des hôtels 5 étoiles au Qatar", les déclarations du diplomate ont suscité une vague d'indignation dans le pays.
L'Algérie est un des pays arabes qui s'est très tôt opposé à la vague de normalisation des relations avec Israël entamée en 1978 avec l'accord de paix entre Tel Aviv et Le Caire. Membre du "front du refus", le pays a maintenu cette politique de non reconnaissance de l'Etat hébreu qui fait, entre autres conséquences, que tous les ressortissants algériens sont interdits d'entrer en Israël et dans les territoires palestiniens. Cette politique a fait du peuple algérien un peuple qui a constamment soutenu le droit légitime pour le peuple palestinien de se défendre, fût-il par la lutte armée.
Le Qatar va saisir les juridictions internationales pour réclamer des compensations à ses voisins
Le Qatar a annoncé dimanche 9 juillet la mise en place d’une commission afin d'exiger de ses voisins des compensations suite au blocus dont il est victime depuis le 5 juin dernier. Les sommes réclamées pourraient potentiellement dépasser le milliard de dollars.
Cette annonce a été faite par le procureur général du Qatar lors d’une conférence de presse organisée devant la presse internationale à Doha. Ali ben Fetais al-Marri a fait état du lancement d'une "Commission des demandes d'indemnisations" chargée de lister les cas de personnes, institutions ou entreprises qui ont injustement été lésées par l'embargo décidé par l'Arabie saoudite, le Bahreïn et les Emirats arabes unis.
L'Arabie saoudite "première source de financement de l'extrémisme islamique" en Grande-Bretagne d'après une étude
Un institut de recherche indépendant établi en Angleterre affirme dans un nouveau rapport que l'Arabie Saoudite est le plus grand financier de l’islamisme radical au Royaume-Uni. Publiée mercredi 5 juillet, cette étude tombe un mois jour pour jour après le début de la crise du Golfe dont l'une des raisons est l'accusation par les pays du blocus d'un financement du terrorisme régional par le Qatar.
Revoir le débat sur France 24 avec quatre spécialistes sur la crise du Golfe
Le débat sur la chaîne France 24 du mercredi 5 juillet portait sur la crise du Golfe. En présence de Clarence Rodriguez, Hasni Abidi, David Rigoulet Roze et Nabil Ennasri, les invités ont fait part de leurs analyses sur les différents scénarios qui se présentent à la suite de la fin de l'ultimatum lancé par les quatre pays du blocus (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Egypte, Bahrein).
Partie I : https://www.youtube.com/watch?v=RNJu1GAAi_k&t=4s
Partie II : https://www.youtube.com/watch?v=9s9i9bwSM6E