Pour bien comprendre le caractère pionnier du projet, il faut revenir à ce qu’est le football à cinq. Tout le monde a en tête la discipline du football à onze joueurs dont la Coupe du Monde s’ouvre dans quelques jours au Brésil. Le « foot à cinq » se base sur le même principe de deux formations qui s’affrontent balle au pied mais dans le cadre de terrains naturellement plus réduits. La plupart du temps, la surface est faite de gazon en synthétique et pour les amateurs de soccer, c’est un réel plaisir que de fouler ces espaces. Sa pratique à littéralement explosé ces derniers temps. Inconnu il y a vingt ans, le foot à cinq s’est envolé. De très nombreux complexes ont ouvert leurs portes en France et on compte des centaines de milliers d’amateurs. Le phénomène n’est pas particulier à la France puisqu’il fait aujourd’hui des émules sur tous les continents.
C’est ce créneau qu’a souhaité investir Larbi El’Bahraoui. Il y a deux ans, il s’est lancé dans l’ouverture d’un complexe près de La Défense, le quartier d’affaires parisien, en s’associant avec l’ancien international Jean-Alain Boumsong. Il nous avait accordé un entretien dans lequel il exprimait son envie de mener un projet ambitieux : organiser le premier Mondial de football à cinq avec en ligne de mire la coupe du Monde 2022 au Qatar. Fort de son expérience, il pense avoir la carrure nécessaire pour mener le projet. Son objectif est double ; il s’agit d’abord d’organiser un Mondial pour propulser la discipline et lui donner l’envergure qu’elle mérite. Malgré ses très nombreux adeptes, force est de constater que le foot à cinq reste négligé des instances nationales et internationales. Elle ne bénéficie pas encore de structuration et son cadre institutionnel est inexistant. L’organisation d’un tournoi mondial permettrait ainsi de donner ses lettres de noblesse à un sport en pleine expansion. De plus, une Coupe du monde permettra de rapprocher les adeptes des quatre coins du monde en célébrant les valeurs fondatrices de l’éthique du sport : le dépassement de soi, le sens du sacrifice, le partage et le fair-play.
On imagine la complexité d’une telle épopée. Pour aller au bout de son ambition, l’E5E souhaite baliser son aventure par étapes. En plus de la recherche de sponsors, l’une d’entre elles est d’organiser des tournois réguliers dans différents pays. C’est dans ce cadre que la structure a initié le premier tournoi international de foot à cinq à Doha en janvier dernier. L’opération avait alors attiré l’effectif du Real Madrid dont Zinedine Zidane et Cristiano Ronaldo qui s’étaient déplacés en tant que spectateurs. L’évènement du 10 mai en était le prolongement mais sous la forme d’un Gala de charité. Le lieu pour les deux tournois n’a pas été choisi au hasard : désormais considéré comme l’un des épicentres du football mondial, c’est au Qatar qu’elles se sont produites.
Car dans le plan de l’E5E, la première Coupe du monde de foot à cinq devra se tenir à Doha juste avant l’ouverture du Mondial 2022. Deuxième temps fort de l’année, six équipes se sont donc donné rendez-vous le 10 mai dernier dont trois formations composées de stars ou d’anciennes gloires internationales. De Djamel Belmadi, actuel sélectionneur de l’équipe nationale du Qatar à Madjid Bougherra, capitaine de la sélection algérienne en passant par Saïd Chiba, tout fraichement nommé directeur adjoint de la sélection marocaine ou Laurent Robert, tous ont à la fois soutenu le projet et salué l’initiative. Sponsorisé par la prestigieuse Business-school française HEC et sous les yeux de différents responsables d’Al Jazeera, le tournoi s’est tenu sur une pelouse qui avait été foulé par l’équipe du Bayern Munich en stage quelques temps auparavant. Autant dire que le lieu se prêtait parfaitement au lancement du projet.
La nouveauté de ce que propose l’E5E ne réside pas uniquement dans cette pratique originale de jouer au football mais aussi dans le souhait d’en faire un espace de promotion sociale. A chaque étape de sa maturation, les concepteurs du projet souhaitent y associer les valeurs humanistes de soutien à celles et ceux qui n’ont pas la chance de chausser des crampons. Une partie des bénéfices iront donc aux jeunes déshérités de certains pays afin de leur offrir des terrains de jeu. De même, l’accent sera mis pour que les personnes handicapées puissent, d’une certaine manière, pratiquer leur passion. Devant un projet aussi bien ficelé, l’ensemble des participants au Gala ont promis de rejouer l’an prochain. Car ce tournoi est désormais conçu comme un rendez-vous annuel. Un rendez-vous qui en appellera d’autres.