Les Emirats arabes unis mettent l'UOIF et 85 autres mouvements dans la liste d'organisations terroristes

dimanche, 16 novembre 2014 11:44

Dans le cadre de sa nouvelle loi luttant contre le terrorisme, le gouvernement des Emirats arabes unis vient de désigner 86 organisations considérées comme "terroristes". Cette liste comprend des structures aussi diverses que l'Etat islamique, Jabhat Al Nusra (filiale syrienne d'Al Qaïda), les Frères musulmans ou la Fédération des organisations islamiques en Europe ainsi que l'Union des organisations islamiques de France (UOIF).

Cette liste a de quoi surprendre. En effet, la différence est radicale entre des organisations qui sont établies en Europe depuis des décennies et dont l'essentiel du champ d'activité regroupe le travail communautaire, le champ de la citoyenneté ou la solidarité internationale (comme l'UOIF) et l'Etat islamique dont les pratiques sectaires et violentes ne sont plus à démontrer.

Ce que révèle cette liste, c'est que le gouvernement des Emirats arabes unis est décidé à faire la guerre à tout le spectre de la mouvance islamique  mondiale qui ne partage pas ses vues et ses options. Si l'on comprend la mise à l'index de l'Etat islamique, il est en revanche plus que douteux de voir des organisations comme les Frères musulmans (dont il est bon de rappeler qu'ils ont remporté les seules élections démocratiques en Egypte en un demi-siècle) ou des associations reconnues comme des interlocuteurs fiables par les autorités françaises.

Il faut mettre cette décision dans le cadre de la "guerre froide du Golfe" qui clive profondément les relations entre les pays du Golfe. Engagé dans un bras de fer qui se durcit, l'Arabie saoudite, Bahreïn et surtout les Emirats arabes unis ainsi que l'Egypte ne supportent pas l'activisme de Doha dont la projection dans le monde arabe en faveur des révoltes arabes va frontalement en contradiction avec leurs intérêts. Adeptes de la Contre-révolution, ces quatre régimes veulent un retour du statut quo d'avant le "Printemps arabe" quitte à criminaliser l'ensemble des forces qui sont momentanément sorties vainqueur des processus de libération initiées en 2010. Du reste, cette liste vient après le boycottage par les Emirats, Bahreïn et l'Egypte de plusieurs compétitions sportives organisées prochainement au Qatar. Le Caire a annoncé son retrait du championnat du monde de natation qui a lieu en décembre tandis qu'Abou Dhabi et Manama ont fait de même pour le Mondial de Handball prévu en janvier 2015. Nul doute que la stratégie d'isolation du Qatar risque de se poursuivre. Il est en revanche pas sûr que ces efforts soient couronnés de succès tellement la stratégie adoptée apparaît virulente et compulsive.

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