Ce que révèle cette liste, c'est que le gouvernement des Emirats arabes unis est décidé à faire la guerre à tout le spectre de la mouvance islamique mondiale qui ne partage pas ses vues et ses options. Si l'on comprend la mise à l'index de l'Etat islamique, il est en revanche plus que douteux de voir des organisations comme les Frères musulmans (dont il est bon de rappeler qu'ils ont remporté les seules élections démocratiques en Egypte en un demi-siècle) ou des associations reconnues comme des interlocuteurs fiables par les autorités françaises.
Il faut mettre cette décision dans le cadre de la "guerre froide du Golfe" qui clive profondément les relations entre les pays du Golfe. Engagé dans un bras de fer qui se durcit, l'Arabie saoudite, Bahreïn et surtout les Emirats arabes unis ainsi que l'Egypte ne supportent pas l'activisme de Doha dont la projection dans le monde arabe en faveur des révoltes arabes va frontalement en contradiction avec leurs intérêts. Adeptes de la Contre-révolution, ces quatre régimes veulent un retour du statut quo d'avant le "Printemps arabe" quitte à criminaliser l'ensemble des forces qui sont momentanément sorties vainqueur des processus de libération initiées en 2010. Du reste, cette liste vient après le boycottage par les Emirats, Bahreïn et l'Egypte de plusieurs compétitions sportives organisées prochainement au Qatar. Le Caire a annoncé son retrait du championnat du monde de natation qui a lieu en décembre tandis qu'Abou Dhabi et Manama ont fait de même pour le Mondial de Handball prévu en janvier 2015. Nul doute que la stratégie d'isolation du Qatar risque de se poursuivre. Il est en revanche pas sûr que ces efforts soient couronnés de succès tellement la stratégie adoptée apparaît virulente et compulsive.