Mondial 2022 en novembre-décembre : une proposition discutée par la FIFA à Zurich

jeudi, 19 mars 2015 09:56
994071 sepp blatterLa période à laquelle se déroulera le Mondial 2022 au Qatar sera tranchée ce jeudi 19 et vendredi 20 mars, à Zurich, lors de la réunion du Comité exécutif de la FIFA. Celle-ci intervient après une procédure de consultation de la"Task Force" de la FIFA qui a duré six mois et après une troisième et dernière réunion tenue le 24 février dernier à Doha. La "Task Force" avait identifié la période du 26 novembre au 23 décembre comme étant la plus appropriée pour organiser la Coupe du monde 2022. Une décision inédite dans l'histoire du football à laquelle la FIFA ne sera pas exempt de critiques.
 

Le choix de cette période a pour but de réduire l'impact du changement de calendrier au niveau des championnats, notamment européens mais aussi d’éviter les chaleurs caniculaires qui peuvent dépasser 45 degrés en été dans la région du Golfe. Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA, a toujours exprimé son souhait de voir la compétition se disputer en hiver. Ce choix rejoignait celui d'autres responsables sportifs internationaux tels que Michel Platini, le patron de l'UEFA. En revanche, cette option n'est pas au goût de tout le monde car certaines fédérations européennes (notamment anglaise) voient d'un très mauvais oeil pareil chamboulement.

Le président de la FIFA, Joseph Blatter a, quant à lui, déclaré que la finale devrait avoir lieu avant le 18 décembre 2022. Ce qui d’une part n'empiétera pas sur le fameux "Boxing Day" qui a lieu le 26 décembre, date phare du calendrier de la Premier League en Angleterre. D’autre part, le 18 décembre correspond à la fête nationale du Qatar.

La décision de la "Task Force" a provoqué la colère de certains clubs européens peu enchantés de devoir se plier à pareil modifications. Quant à la demande de "dédommagements" financiers formulée par Karl-Heinz Rummenigge, patron de l'Association européenne des clubs (ECA), Joseph Blatter a répondu qu'il ne voyait "pas pourquoi, ils devraient toucher des compensations". L'argument répété par la FIFA est que comme le Mondial a lieu dans sept ans, le monde du football a donc largement le temps de s'organiser. 

De leur côté, en décembre 2014, l'Association des clubs (ECA) et les Ligues professionnelles d'Europe (EPFL) ont exprimé leur préférence pour un Mondial 2022 allant du 5 mai au 4 juin 2022Cette option "est beaucoup moins gênante (dans la saison) que les propositions en hiver" et offre "des conditions climatiques acceptables". Mais le Comité exécutif de la FIFA ne devrait finalement pas aller dans leur sens. 

Jamais une Coupe du monde n’aura autant suscité de polémique, notamment en ce qui concerne le traitement infligé aux ouvriers asiatiques du bâtiment. Des conditions de travail décriées par les organisations des droits de l’Homme. A cela, Joseph Blatter a récemment déclaré, à l'issue d'une entrevue avec l'émir du Qatar dimanche 15 mars à Doha, que « Le Qatar doit en faire plus » pour assurer des conditions de travail décentes sur les chantiers du Mondial 2022. « Comme certaines organisations de défense des droits de l'homme l'ont noté, des progrès ont déjà été accomplis, en particulier avec les normes introduites sur les chantiers de construction, mais le Qatar doit en faire plus pour assurer des conditions de travail équitables pour tous. Cela ne sera possible que grâce à l'effort collectif de toutes les parties prenantes, des entreprises de construction aux autorités » a-t-il ajouté.

L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani a promulgué mercredi 18 février 2015 une loi qui vise à améliorer la condition des ouvriers étrangers dans l'émirat en facilitant le paiement électronique des salaires pour tous les travailleurs du secteur privé. Cette nouvelle loi a pour objectif de mettre fin aux retards et aux non-paiements des salaires des travailleurs, une pratique assez répandue dans les pays du Golfe et qui suscite de vastes critiques dans la presse internationale. Mais même si ces critiques sont largement fondées, il faut parfois s'interroger sur les raisons profondes d'une fixation de certains médias sur cet envers du décor qatari. Hassan al-Thawadi, secrétaire général du Comité d’organisation du Mondial 2022, a ainsi dénoncé dans une récente interview « un parti pris » de certains médias en braquant abusivement leurs projecteurs sur son pays. L'émirat n'a pas lésiné sur les moyens pour l'organisation de la compétition  sportive la plus prestigieuse de la planète. En effet, le premier ministre qatari, cheikh Abdullah ben Nasser ben Khalifa al-Thani, a annoncé dimanche que son pays maintiendra ses projets d'infrastructure pour un coût s’élevant à 200 milliards de dollars. Ce qui fait de cette Coupe du monde, la plus chère de l'histoire. 

Si le Comité exécutif va dans le sens de la proposition de la Task Force, cela devrait définitivement mettre un terme à la polémique du calendrier née depuis la décision en décembre 2010 d'accorder au Qatar le Mondial 2022. Pour autant, cette issue ne signifie pas le bout du tunnel car l'émirat aura d'autres crispations à affronter comme celles, lancinantes et non soldées, des accusations de corruption.

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