Elle ajoute que « le groupe français, représenté par sa filiale qatarie QDVC, a remporté plusieurs millions d’euros de contrats en vue de l’évènement et emploie directement et par le biais de nombreux sous-traitants de droit qatari des milliers de travailleurs sur place ». L’association affirme en outre que « les enquêtes menées sur place concluent à l’utilisation par ces entreprises de menaces diverses pour contraindre une population vulnérable à des conditions de travail et d’hébergement indignes et à une rémunération dérisoire ». Des accusations largement relayées et commentées dans la presse française et internationale.
La réaction du groupe Vinci ne s’est pas fait attendre. L’entreprise a déclaré dans un communiqué qu'elle comptait "porter plainte contre Sherpa, dont les propos diffamatoires constituent une atteinte grave à notre image ; d’autre part d’inviter sur place sans délai les représentants de Sherpa et tous les journalistes qui souhaitent se rendre compte par eux-mêmes de la vie sur nos chantiers et sur notre base-vie".
Alors que Sherpa affirme avoir fait face « à de nombreux obstacles » au cours de son enquête, Vinci rétorque avoir « à plusieurs reprises ouvert la porte de chantiers aux syndicats, aux ONG internationales et aux journalistes ». Selon le quotidien le Parisien, la plainte a été déposée au parquet de Nanterre. Laetitia Liebert, la directrice de Sherpa espère que cette plainte « obligera Vinci à respecter scrupuleusement le droit des travailleurs migrants dans les années à venir et sera un exemple pour le secteur du BTP dans son ensemble ». L’association a par ailleurs lancé une pétition adressée à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, dans l'objectif de faire "toute la lumière sur les accusations de travail forcé et de mise en servitude contre Vinci au Qatar en ordonnant une enquête au plus vite".
Comme l’a indiqué le communiqué de Sherpa, il devient urgent pour les autorités françaises d’adopter une loi sur le devoir de vigilance des multinationales sur les atteintes aux droits humains causées par leurs filiales ou sous-traitants dans le cadre de leurs activités à l’étranger.
Le Qatar a récemment multiplié les annonces de révision du droit du travail. En février 2015, l’émir a promulgué une loi qui impose aux entreprises privées de verser le salaire de leurs ouvriers par paiement électronique. Cette nouvelle législation constitue une étape supplémentaire pour un meilleur traitement des ouvriers étrangers. Même s'il reste encore beaucoup à faire et que l’application des différentes promesses se font attendre, elle survient après l’annonce d’une autre série de réformes du code du travail qui devraient prochainement être effectives comme l'abolition du système de la Kafala annoncée en mai 2014 et dont la promulgation est également prévue pour cette année 2015.