59 personnalités dont le cheikh al-Qaradawi et 12 entités dont Qatar Charity accusées de terrorisme par l’Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et l’Egypte
C’est une nouvelle escalade dans la crise que le Golfe connaît depuis lundi 5 juin. Alors que de récents signaux laissaient entrevoir un début d’amélioration, la décision de mettre sur une liste noire de soutien au terrorisme des institutions qataries ou des personnalités de l’émirat est de nature à envenimer la situation.
Le communiqué signé par les quatre Etats ne laisse aucun doute sur la détermination de Riyad, Abou Dhabi, Manama et Le Caire de poursuivre la politique d’endiguement du Qatar. Dans un moment géopolitique où la lutte contre le terrorisme domine l’agenda de toutes les diplomaties, la volonté de mettre au ban le Qatar se trouve renforcé par cette nouvelle accusation. Sur les 59 personnalités visées, plus d’une vingtaine sont soit de nationalité qatarie soit résident dans l’émirat. Pour ce qui est des institutions, sur la douzaine ciblée, cinq d’entre elles correspondent aux plus grandes ONG du Qatar telles que Qatar Charity ou Sheikh Eid al-Thani Charity Foundation. Ces organisations ont la particularité d'être actives dans les territoires frappés par la famine ou la guerre comme les camps de réfugiés Royingas au Bangladesh, la Somalie, la bande de Gaza ou les zones paupérisées d'Afrique sub-saharienne. Ces dernières années, elles se sont aussi particulièrement illustrées dans l'aide aux réfugiés syriens en Turquie, Jordanie et Liban.
La Turquie décide d’envoyer des troupes au Qatar
Alors que le président turc s’est exprimé sur la crise pour la première fois en prenant position pour le Qatar, le parlement d’Ankara a voté un projet de loi autorisant l’envoie de militaires dans l’émirat.
Cette décision traduit une volonté de la Turquie de choyer l’un de ses alliés les plus importants au Moyen-Orient. En effet, ces dernières années, le partenariat bilatéral s’est considérablement renforcé tant au niveau de la coopération industrielle, énergétique, militaire que politique. Le volume des échanges commerciaux a décuplé en quelques années et signe de la bonne santé de cette relation, les deux chefs d’Etat se rendent visite plusieurs fois par an.
C’est donc presque naturellement que le président turc a exprimé une position allant dans le sens du Qatar dans la crise qui secoue la région du Golfe. Qualifiant les sanctions prises à l’encontre de Doha de « pas bonnes », Recep Tayeb Erdogan a ajouté : « en tant que Turquie, nous allons poursuivre et développer nos relations avec le Qatar, comme avec tous nos amis qui nous ont soutenus dans les moments les plus difficiles, notamment le putsch du 15 juillet ».
Ces militaires stationneront dans la base permanente turque que l’armée d’Ankara dispose sur le sol de l’émirat. La présence de cette base avait été actée lors de l’accord stratégique de défense signé entre l’émir Tamim ben Hamad al-Thani et Recep Tayeb Erdogan en décembre 2014. 150 soldats turcs y sont déjà stationnés.
Pourquoi le Hamas, les Frères musulmans et l'Iran sont au cœur des enjeux de l'actuelle crise dans le Golfe ?
La crise entre le Qatar et plusieurs pays arabes qui a débuté lundi 5 juin 2017 n’est pas prête de s’éteindre. Etant donné la complexité de la situation, L’observatoire du Qatar vous propose cet article qui permet, en répondant à cinq questions, de comprendre les véritables tenants et aboutissants d’une affaire qui va durablement recomposer l’équation stratégique de la région.
Où en est-on aujourd’hui dans la crise entre le Qatar et ses voisins ?
La situation est très volatile et elle évolue de jour en jour et même d’heure en heure. Mais aujourd’hui, mercredi 7 juin 2017 à midi, voilà ce que l’on peut dire.
Reprise de la guerre froide du Golfe ?
Le Qatar a annoncé mardi dans la nuit que son agence de presse QNA a été piratée par une entité inconnue et qu’un faux communiqué attribué à l’émir avait été diffusé. Ce dernier affirmait que Tamim ben Hamad al-Thani s'était prononcé sur divers sujets sensibles mettant en cause ses voisins du Golfe. Ces fausses déclarations, immédiatement relayées par des médias saoudiens et émiratis, ont provoqué un tollé dans la région où une guerre médiatique bat son plein.
Déjà fragiles, les relations entre le Qatar et certains de ses voisins ne sont pas prêtes de s’améliorer. La cause ? Un obscur épisode de piratage de l’agence de presse officielle du Qatar (Qatar News Agency, QNA) au cours duquel certains acteurs foncièrement opposés à la ligne politique de l’émirat gazier se sont engouffrés. Loin d’être anodine, cette affaire démontre combien les relations à l’intérieur du Conseil de coopération du Golfe (CCG) demeurent, malgré les formules de fraternité d’usage, fortement clivées.
Le premier stade de la Coupe du monde 2022 est prêt
Le Qatar a inauguré il y a quelques jours son premier stade en vue du Mondial 2022. Prêt près de six ans avant la compétition, il a bénéficié d’une large rénovation qui en fait l’une des enceintes les plus modernes de la région.
Alors que le tournoi phare du football mondial ne se déroulera que du 21 novembre au 18 décembre 2022, le Khalifa International Stadium est déjà opérationnel. Cet édifice est un monument symbolique au Qatar puisqu’il s’agit du premier stade digne de son nom construit dans le pays en 1976. En 2005, il a subi une première rénovation dans l’optique de l’accueil des XVe Jeux asiatiques qui se sont tenus à Doha en décembre 2006. Ces dernières années, il a bénéficié d’une deuxième réhabilitation dont le coût s’est élevé à près de 100 millions d’euros.
Renforcement des relations entre l’Arménie et le Qatar
Effectuant sa première visite officielle à Doha, le président Serge Sarkissian a souhaité renforcer les relations entre son pays et l’émirat. Petit pays coincé entre la Russie et la Turquie, l’Arménie souhaite diversifier ses alliances pour jouer un rôle plus important sur la scène régionale.
Reçu par son homologue, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, le président arménien a fait part de l’intérêt de son pays à développer des relations privilégiées avec les Etats arabes, en particulier avec le Qatar. Vivant dans des situations similaires au niveau géopolitique (deux Etats faisant face à de puissants voisins dans un contexte sécuritaire volatile), les deux chefs d’Etat ont fait part de leur volonté de consolider un partenariat qui peine à décoller notamment sur le plan des relations commerciales.
QNA, l’agence de presse officielle victime d’un piratage informatique
Le gouvernement du Qatar a vigoureusement dénoncé le piratage dont son agence de presse officielle, Qatar News Agency (QNA) a été victime dans la nuit de mardi à mercredi. Pour le moment, les autorités affirment ne pas avoir connaissance de « l’entité » responsable du forfait.
L’attaque informatique a eu pour incidence la diffusion d’un faux communiqué attribué à l’émir Tamim ben Hamad al-Thani. Celui-ci aurait tenu des propos suspicieux voire négatifs sur l’état des relations entre son pays et ses voisins ainsi qu’avec l’administration américaine. Après avoir informé que « l’agence de presse du Qatar a été piratée par une entité inconnue », le service de presse gouvernemental a ajouté qu’« un faux communiqué attribué à Son Altesse a été publié ».
Le tourisme au centre de la diversification économique
La Qatar Tourism Authority (QTA) entame un vaste processus de révision de sa stratégie du secteur touristique en collaboration avec des partenaires des secteurs public et privé. Annoncé début mai, ce plan vise à consolider le virage de diversification que l'économie de l'émirat a emprunté depuis plus d'une décennie.
Ce processus implique une série de rencontres avec les principaux décideurs politiques avec un premier forum qui s'est tenu du 15 au 16 mai. Ouvert au public, les participants ont été invités à cette occasion à faire connaître leur avis par le biais d'une série d'enquêtes.
Pourquoi Qatar Airways poursuit une politique d’expansion différente de ses concurrentes du Golfe ?
Alors que le marché aérien mondial présente la caractéristique d’un secteur éminemment concurrentiel, certaines compagnies continuent d’adopter une stratégie d’expansion agressive en multipliant les acquisitions. C’est le cas de Qatar Airways qui, tout en se démarquant de ses rivales du Golfe, lorgne vers certains marchés continentaux à fort potentiel de croissance. Focus.
Elles sont trois à avoir ces dernières années fait une percée fulgurante dans l’univers du transport aérien mondial. À coup d’achats de centaines d’avions et de méga-contrats conclus avec les constructeurs Airbus et Boeing, Emirates Airlines, Qatar Airways et Etihad Airways sont devenues des acteurs majeurs de la carte mondiale de l’aérien civil. Mais si les deux premières continuent sur leur lancée et s’installent comme des majors du circuit, la troisième fait face à de graves difficultés financières qui menacent son équilibre à court terme.
Introduction d'une TVA progressive au Qatar
Le gouvernement qatari a approuvé un projet de loi visant à appliquer deux nouvelles taxes qui portent essentiellement sur les produits issus de la restauration rapide et les produits de luxe.
Cette nouvelle législation approuvée lors d’un conseil des ministres tenu le 4 mai fait suite à des accords conclus au sein du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) dont l’objectif est d’augmenter les revenus des pays membres, en raison de la baisse des prix du pétrole.